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Antro Del Corchia |
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Août 2002 Compte-rendu de l'expé Situation : Pays = Italie, Région = Toscane, Province = Lucca, Commune = Stazzema, Village = Levigliani
- « Tiens, les montagnes sont encore enneigées ! » - « Comment !! Ici, en Toscane ! Mais c'est impossible ! Surtout en bord de mer ! Et fin août, en plus ! » Et bien non ! En réalité, ce sont d'immenses pierriers d'un blanc étincelant qui ont l'air de dévaler les pentes des montagnes comme autant de torrents immobiles. Ces traînées blanches sont les traces bien visibles de la grande activité qui règne là-haut, près des sommets, et ce, depuis plus de 3.000 ans! Ce sont les déchets provenant de l'exploitation intensive du marbre par les nombreuses carrières qui parsèment le parc naturel régional (et oui !)des « Alpe Apuane ». Ce marbre est le fameux marbre de Carrare connu dans le monde entier pour sa pureté et sa blancheur immaculée. Comme le réseau souterrain de l'Antro Del Corchia (le plus grand d'europe : 70 kilomètres de développement) est situé dans cette zone d'extraction, une gue-guerre s'était déclarée il y a 7 ou 8 ans entre les spéléos / écolos et les carriers (une première expé du CRSL dans cette région avait d'ailleurs dû être annulée à l'époque). Heureusement, depuis, les choses se sont arrangées et, muni des autorisations nécessaires, l'accès aux grottes est de nouveau possible. Levigliani, le village où se trouve notre point de ralliement est situé en montagne à environ 500 mètres d'altitude et à une vingtaine de kilomètres de la mer. C'était, lors de notre dernière expé à l'Antro, un petit village calme et sympa. Je dis bien était car, depuis la création d'un parcours touristique dans une partie de la grotte, les choses ont bien changés ! En effet, ce village si tranquille où nous avions installé notre camp de base en 98 est devenu un vrai nid à touristes et, dans l'unique rue, les embouteillages sont devenus permanents. Le seul parking du coin est complet toute la journée. Logique car, la route qui mène à la grotte est maintenant privée et ne peut être parcourue que par le bus qui fait la navette avec les touristes du matin au soir. Par chance, nous avons pu nous installer notre camp sur l'unique terrain plat du patelin, une sympathique clairière bordée d'arbres (ouf, nous aurons de l'ombre). Ce terrain est en réalité le parking supérieur de l'hôtel / pension / restaurant « Vallechiara » situé à l'entrée du village. Nous avons fait un « deal » avec la patronne (« la Mama ») : Nous profitons gratuitement de son terrain pendant 8 jours et, en contrepartie, nous irons manger tous les soirs au resto (nous sommes quinze !) Très bon arrangement ! Surtout lorsqu'on connaît les prix des campings sur la côte (seule alternative possible pour nous) De plus, les repas qui nous seront servi s'avèreront excellents et copieux. Nous installons donc nos tentes perso ainsi que la tente spéciale pour le matériel collectif autour de ce qui nous servira de séchoir à matos : un hélico ! Tout beau, tout neuf ! D'après la « Mama », il est abandonné là depuis plusieurs mois! (Panne ? Faillite ?). En cherchant un peu, nous trouvons les clés et nous inspectons l'habitacle. Il y a là pour une fortune de matériel audio vidéo (caméra, moniteurs…) Cet engin devait sûrement servir à une émission du genre « chasse aux trésors ». Dommage que nous n'ayons personne capable de le piloter parmi nous sinon il nous aurait permis d'éviter pas mal de marche d'approche éreintante. (On peut rêver!) . Enfin, outre la fonction penderie / séchoir, il nous permettra tout de même de faire quelques amusantes photos bidons !! Concernant l'expé, six bonnes nouvelles vont se succéder durant les journées de samedi et de dimanche: -Nous avons obtenu les autorisations pour sortir par la partie touristique (après avoir fait la grande traversée Fighiera-Antro) sauf si nous y arrivons la nuit évidement. Dans ce cas, nous sortirons par Serpente que nous aurons équipé préalablement (P18) -L'entrée de Fighiera a été repérée et sera ainsi plus facile a retrouver. -Nous avons obtenu les autorisations pour monter avec des véhicules jusqu'à la grotte touristique pour récupérer nos gens après leur traversée. -Les émetteurs / récepteurs ainsi que les GSM « passent » entre la grotte touristique et le camp de base donc il sera inutile de laisser des véhicules seuls là-haut. -Une partie importante de Fighiera serait équipée en fixe ! -Et en fin de journée, nous apprenions en plus qu'un nouvel accès au réseau (buca del pompieri) a été découvert récemment prés de Serpente (par où nous devions initialement sortir) et surtout que ce nouvel accès ne nécessite pas d'équipement préalable! Lundi , Benoît et Bernard, tout deux nouveaux sur le massif, décident d'effectuer une reconnaissance des lieux en effectuant la mini traversée Serpente - Bucco del pompieri. Celle-ci aurait pu s'avérer fort utile si nous sortions de nuit (le tunnel artificiel de la grotte touristique n'étant accessible que la journée) Pendant ce temps, les autres décident d'aller faire un Via Ferrata située dans les environs. Hélas, malgré des cartes détaillées et des heures passées en montagne à chercher, ils ne la trouveront jamais. Par contre, prés d'un sommet, se trouve une belle arche naturelle (genre Vallon Pont d'Arc en plus petit) et de là, la vue magnifique sur la région récompensera les courageux grimpeurs. Le soir, après avoir inventorié le volumineux matériel (722 mètres de corde, plus de 100 moustifs, une dizaine de maillons rapides, des sangles, des trousses à spits, le carbure, …. Etc …) et préparé les kits (collectifs et perso), nous formons (difficilement) les équipes. Mardi matin, une première équipe, composée de Benoît, des deux Vincent, de Bernard et du Xa démarre vers le sommet du Corchia avec Philou et Séba comme porteurs supplémentaires. La marche est longue et fatigante car ils sont tous avec deux kits de matos chacun et ce, sous un soleil de plomb. Avant d'atteindre Fighiera, ils visiteront une impressionnante carrière de marbre….Clic-clac Kodack. L'entrée est située à 1637 m. d'altitude, non loin du sommet (1677 m.) d'où on voit la mer. Un GR passe tout près. A une vingtaine de mètres se trouve les ruines de l'ancien abri métallique des découvreurs du gouffre (le GSB en 1977), le refugeLusa-Lanzoni, malheureusement, il est complètement détruit. Après avoir équipé le premier P10, Benoît part en éclaireur. Il revient rapidement en confirmant la bonne nouvelle attendue : les puits suivants sont bien équipés en fixe! Changement de stratégie : les kits se vident rapidement et voient leur nombre ainsi que leur contenu drastiquement diminué. Philou et Séba ramèneront le surplus au camp. Cette première équipe mettra ainsi à peine une dizaine d'heures pour atteindre la partie touristique, à moins 850 ! Et là, surprise ! Il y a des touristes ! Il est pourtant 21 h00 ! Explication : Une visite nocturne exceptionnelle a été décidée en dernière minute. Ce coup de bol permettra même à nos cinq amis de manger, comme d'habitude, à notre resto habituel. Mercredi , pendant que Benoît et sa petite famille partent visiter LUCCA, la deuxième équipe composée de Philou, Christian, Gérald, Renauld et Luc se prépare calmement au départ quand elle voit le Xa préparer aussi son kit ! Il a décidé de refaire la traversée avec eux ! Tant mieux ! Avec un « guide », ce sera plus facile ! Cette équipe doit, elle, faire le déséquipement d'une petite dizaine de puits. Cela se fera en une douzaine d'heures. Et, arrivé dans la partie touristique, même coup de bol : quelques techniciens sont justement là en train de remettrent différentes choses en état donc la sortie est libre !! Cette deuxième équipe pourra donc aussi sortir par le tunnel artificiel au lieu de sortir par « Buco de Pompieri » (une heure de gagnée). Comme les autres, il leur suffira d'un petit coup de « G » vers « ceusse » d'en bas et une demi-heure plus tard, tout le monde se retrouvera au camp de base. Ainsi, le but principal de l'expé (la grande traversée) a été atteint sans aucun problème! Reste le « fondo » (le fond) mais il n'est prévu que pour le surlendemain donc demain, repos ! Petite remarque : Autant, il y a quatre ans, nous avions trouvé jolie la petite traversée (eolo - serpente), autant celle-ci nous a semblé moche, en tout cas, jusqu'à Gronda (point de jonction avec la grotte touristique). Hormis quelques beaux grands puits et quelques passages dans le marbre blanc, elle est surtout une traversée complexe et sportive ; heureusement, le balisage est parfait et nous n'avons eu aucun problème de cheminement. Mais, soyons honnête : si les trois quarts de la traversée n'avaient pas été équipés en fixe, c'est 4 ou 5 jours minimums que nous aurions mis pour la faire ! En effet, outre le fait des nombreux puits à équiper et à déséquiper en rappel, il nous aurait fallu remonter depuis l'Antro les ¾ de la traversée pour équiper certains puits remontants (remontants pour les équipes descendantes évidemment) et également effectuer plusieurs escalades importantes et délicates. Cela nous aurait pris un temps fou et je crois sincèrement que nous aurions eu très très dur, peut-être même que nous aurions dû renoncer! Jeudi : repos Vendredi : Benoît, Vincent G., le Xa et Bernard préparent les kits pour attaquer le dernier objectif : le fond, à - 1210 m ! Mais ils démarrent de Gronda qui est à - 840, cela reste donc un – 370 mais à équiper et déséquiper entièrement, de plus, on est souvent dans l'actif. Il y a quatre ans, Philou et Christian avaient du faire demi-tour au 4/5 pour cause de problèmes techniques (éclairage). Cette année, c'est une seule bête corde qui a manqué à nos quatre copains pour pointer El Fondo (le fond) Dommage. N'empêche que la rivière et certains passages dans le marbre sont de toute beauté ! Samedi : Démontage et nettoyage du camp, dernier repas en commun puis......Snif !……Au revoir, Levigliani. !
Descriptif du cheminement de la grande traversée : La traversée Fighiera - Antro del Corchia (de 10h à 12h) est la plus grande traversée du réseau. Cette partie du réseau est de dimension plus modeste et le cheminement est beaucoup plus complexe. Heureusement que le balisage ne manque pas ; bande rouge et blanche, tags à la calebombe, et si cela ne suffisait pas encore, il y a toujours le courant d'air. Hormis le puits d'entrée, la grande majorité des puits sont équipés de cordes en place (équipement douteux). Il vous faudra donc prévoir quelques dizaines de mètres de corde et de maillons rapide pour éviter une remontée forcée … Arrivé à Manareisi, il vous faudra deux C50 pour descendre les puits en rappel. Fighiera - Campo Baso : Descendre le puits d'entrée (P10) et continuer la progression dans une galerie ébouleuse suivie d'un court méandre et d'une salle. Dans celle-ci, prendre à gauche entre les blocs et passer une traversée (MC8). Franchir quelques étroitures et descendre toute une série de puits (P4 P7 P22 P7 P20 P7) jusqu'à un élargissement. Ici, deux variantes sont possibles : -Le réseau du P42, court mais étroit : Vers la gauche, descendre trois puits (P42 P7 P10), franchir un méandre très étroit, descendre un dernier puits (P18) pour finalement remonter un toboggan (T8) qui débouche dans Campo Baso. -Le réseau des Ludries,( plus long mais beaucoup plus agréable ) : Chercher sur la droite, derrière un gros bloc, un passage peu commode suivi d'un ressaut. Descendre une dizaine de petits puits (de 7 à 15 m max.) pour finalement arriver dans une verticale de dimension plus importante (P?). Dans la dernière verticale, suivre à droite la main courante en place pour atteindre une galerie ascendante. La suivre sur +/-60m, prendre à gauche au carrefour une vaste galerie pour rejoindre Campo Baso. Campo Baso - Pozzo dei Titani : En venant du réseau des Ludries, continuer dans la galerie Corno Sinistro (ou prendre à gauche cette même galerie en venant du réseau du P42). Quitter ce vaste dédale par la première galerie sur la gauche, franchement descendante. Une dizaine de mètres avant le pozzo del Asino (P20), prendre une galerie à droite. Progresser dans celle-ci tout en restant sur la gauche. Descendre le puits Meinz (P20) et remonter de l'autre côté par une corde en place douteuse (P12). Descendre un petit puits (P5) et suivre la galerie jusqu'au sommet du pozzo dei Titani (cordes en place) , effectuer un pendule puis remonter sur l'autre corde pour rejoindre le réseau Valinor par une succession de descentes, traversées et montées. Pozzo dei Titani – Manaresi : Contourner un P20 par la gauche et emprunter un passage bas. Prendre à droite la galerie Derzu, horizontale et concrétionnée. Cette longue progression est juste interrompue par un P5. Descendre dans l'impressionnant Salone Nostradamus (P28). Franchir toute une série de passages étroits ou chaotiques en descente jusqu'au (P8) qu'il faut descendre. Continuer la progression dans une grande galerie de blocs glissants. La galerie commence à s'incliner pour finalement plonger de 55m par le pozzo Kilimangiaro qu'il ne faut pas descendre mais contourner par la droite (main courante en place). Passer un bivouac et descendre un P3 pour arriver dans un réseau plus modeste. Franchir une traversée (corde en place) et descendre une verticale (P5). Suivre une petite galerie qui passe au-dessus d'un puits par une main courante. Monter un P5, ensuite descendre un P10 et un P8. Franchir une traversée et passer une série d'étroitures. Descendre la moitié du P50 puis penduler et atteindre un méandre étroit et profond (au vu du temps qu'a mit ma lampe de secours pour atteindre le fond !) Suivre ce méandre sur +/- 30m, en sortir par le plafond et déboucher dans une salle.La suite est par le haut, à gauche. Monter un P7 et un P4 pour finalement arriver par une petite descente (P7)dans une immense salle : Salone Manaresi Manaresi – Gronda --Antro Del Corchia : Descendre dans un éboulis descendant suivi d'un toboggan incliné et dangereux (T30) car il se termine au sommet d'un grand puits qu'il ne faut pas descendre. Prendre à gauche le pozzo delle Lame (P22) caractérisé par une lame rocheuse. Descendre un ressaut (R7) et ensuite le magnifique pozzo del Portelo (P40). Au fond du puits, face à un petit lac, prendre en hauteur une galerie jusqu'au ressaut (R8) qu'il faut descendre. Suivre la galerie active et bien concrétionnée du Ramo delle Stalattiti jusqu'à la grande salle de Gronda où le bruit d'une cascade devient perceptible. Emprunter ensuite les passerelles de la grotte touristique (n'oubliez pas de les rendre en sortant !) dans le sens de la descente et prendre à droite au premier carrefour jusqu'à la porte de sortie. En dehors des heures d'ouvertures, prendre à gauche et monter l'éboulis pour ressortir par Bucca del Pompei.
Descriptif du cheminement vers le fond : L'accès au fond du complexe (-1190m par rapport à Fighiera) peut se faire par les trois entrées mais Serpente est la plus proche (-480m).La morphologie est fort différente du reste du réseau ; les vastes galeries fossiles sont ici remplacées par des galeries actives. L'eau, d'un vert turquoise, et les sédiments de marbre blanc en font un collecteur unique. En cas de forte crue, certains passages deviennent délicats voir même infranchissables. L'équipement est fort vétuste voir même souvent inexistant. Serpente-Gronda : S'engager dans le méandre d'entrée jusqu'au pozzo Empoli (P18) qu'il faut descendre. Suivre la galerie chaotique en pente. Emprunter les passerelles de la grotte touristique et prendre à droite au premier carrefour jusqu'au bruit perceptible de la cascade de Gronda. Gronda-Fiume Vidale : A la base de la salle descendre toute une série de puits (T10 P7 R2) ainsi que le pozzo del Elefanto (P12). Ne plus descendre mais prendre à gauche sans quitter la corde. Descendre un R2 suivi du pozzo ad L (P42), magnifique puits circulaire. Suivre la petite galerie entrecoupée de plusieurs ressauts et cascades (2xR5) sur environ 200m. Passer l'ancienne voûte mouillante (traces de cassures) et continuer jusqu'à une ample salle basse et argileuse. Fiume Vidale-Fondo : Deux cheminements sont possibles au début de ce tronçon et il est possible de descendre par le premier et de remonter par le second : -Ramo Fossile, le réseau fossile : Dans le collecteur, monter directement sur une corde en place (P5). Gravir une pente ébouleuse dans le sens opposé de l'eau jusqu'à la vaste galerie sableuse qu'est Ramo Fossile. Suivre les cairns et le balisage en place. Au rétrécissement, descendre entre les blocs pour rejoindre la galerie supérieure du collectif. -Fiume Vidal, le collecteur actif : Suivre l'eau jusqu'au deux premières cascades qui peuvent être évitées par une galerie supérieure. Rejoindre le collecteur par un ressaut (R?) et le suivre jusqu'à la cascade Marina. Elle peut également être évitée par la Vire dei Polacchi dont le départ est situé 50m en amont de la cascade, sur la gauche. Ne pas descendre la cascade suivante mais prendre le passage supérieur et redescendre dans l'actif plus loin par un P10. Descendre directement le toboggan (T15) et plus loin, les dernières verticales (R5 P5 T7) jusqu'au fond. Philou |