Escapade en Savoie : Mai 2002

 

Participants :

- Benoît Grignard + Jean-Claude Lafuie + Philippe Leonard

Lundi 27 mai 2002 :

Départ de Sprimont vers 07h 00. Trajet complet par autoroutes payantes vers Chambéry en passant par Lyon ( 23,10 € + 9,20 € = 32,30 € pour l'aller). Quoique que l'on dise, c'est plus rapide, plus reposant et surtout plus «  Securit  » (et en plus, pas de ronds-points !)

Vers 15h, nous arrivons au village de Lovettaz, situé prés de Chambery, juste au pied de la croix du Nivolet. Après quelques achats obligatoires pour notre survie là-haut (bières, vins) Nous partons fortement chargés (nos sacs, pas nous ! Enfin, pas encore !) vers la grotte à Carret. La montée est aisée. Devant nous, on aperçoit un vaste cirque avec des éléphants roses formé par la falaise. Au centre de celui-ci, on devine à peine la grande cascade de la Doria. Notre but est là. Juste à gauche de celle-ci. Nous l'atteindrons après une petite heure de marche à flanc de montagne par un chemin facile. Le site est vraiment spécial ! Situé à la base d'une falaise de 500 mètres, un immense porche s'ouvre devant nous (la résurgence fossile de la Doria) avec, débordant sur le côté droit, une petite maison qu'un archéologue original nommé Jules Carret s'est fait construire ici en l'an 1885. Elle n'est pas en trop mauvais état sauf qu'il n'y a plus ni portes ni fenêtres. De plus, deux obus Allemands ont abîmés légèrement la façade en 44, ils y voyaient un repaire de résistants !

Notre bon docteur Carret, ce «  Médecin - Conseiller municipal – Député – Diplomate – Anthropologue – Archéologue - Franc Maçon - Anarchiste  » et surtout grand rêveur, y a vécu sept ans et a fait quelques découvertes intéressantes mais sans plus : des « no-nos » divers et une hache en pierre *.

Une rapide visite de ces lieux étranges nous confirme qu'en plus d'une vue imprenable sur Chambéry et les sommets enneigés des Alpes, nous sommes bien à l'abri de toutes intempéries. De plus, nous sommes tout près du départ de la VF de demain après-midi et, en prime, pour nous, spéléos, nous sommes dans une grotte ! Que veut le peuple ?

La succulente fondue au fromage et les différents petits vins blancs de la région qui l'accompagne feront de cette soirée un inoubliable souvenir ! Le soir tombe et nous sommes autour d'un bon feu de bois, sur une terrasse confortable surplombant le monde . Dans la vallée, nous apercevons les lampes automatiques s'allumer successivement en 1 ou 2 minutes. Cela ressemble à un bombardement silencieux et heureusement  pacifique ! Après ce bon repas bien arrosé, nous nous endormons HEU - REUX  sous un ciel plein d'étoile et sûrement d'ovn-hic ! « VIVE JULES !! »

Mardi 28 mai :

Hier soir, optimistes, nous avons établi un programme chargé pour cette journée .Jugez plutôt : visite de la grotte de la Doria, Via Ferrata de la grotte à Carret, balade jusqu'à la croix du Nivolet, sentier aérien du Nivolet puis descente vers le village de Lovettaz par « les échelles », ensuite, retour au point de départ, récupération des sacs et enfin, départ vers la Maurienne.

08h 30 : Dur, dur, le réveil ! Enfin, tant pis ! Il faut y aller !

- « La vallée est couverte de nuages donc il va faire bon ! »……….. Ca, c'est du « n'importe-quoi »  !! Allons ! Debout les morts ! Nous nous équipons spéléos et nous partons pour la grotte.

-Grotte de la Doria : + 287 m, développement 10 Kms (jonction faite avec le gouffre de Pleuracha mais avec six siphons allant de 20 à 385m de longueur !)

Pour y accéder, il faut emprunter le passage sous la cascade à 200m à peine de la grotte à Carret. Il est facile car câblé mais la suite, elle, est plus délicate. En effet, après une montée oblique assez raide à travers tout, il faut emprunter assez haut une vire assez exposée ( petite corde de 10m conseillée ) pour atteindre le grand porche suspendu de la résurgence temporaire (en cas de crue, le trop-plein de la Doria sort par ce porche ). La grotte en elle-même est une succession de grands couloirs (sur plusieurs niveaux) qui permettent de rejoindre l'actif. Arrêt 4 à 500 m plus loin environ sur un grand plan d'eau où un canot est obligatoire. Après cette rapide reconnaissance, nous redescendons par un beau rappel de 25m le long de la cascade et nous retournons nous changer et dîner à la « maison ».

-Via Ferrata de la grotte à Carret (30 minutes):

Elle démarre 20m à droite de la maison et monte toute la falaise jusqu'au plateau. Après quelques minutes, on arrive à un croisement, la VF continue à gauche mais en allant à droite et en montant le long d'échelons « spéciaux » , on arrive dans une mini grotte ( la grotte de l'œil ) d'où la vue est superbe. C'est là que l'extravagant docteur Carret voulait se faire enterrer. Quant à la VF, elle aboutit sur le plateau où 2 possibilités s'offrent aux ferratistes : soit partir à droite et redescendre par le col de la Doria mais, pour nous, ce chemin nous aurait fait arriver trop loin de notre base soit suivre le chemin de gauche qui aboutit à la croix du Nivolet où se trouve un sentier aérien.

-La balade vers la croix du Nivolet (1.547m) :

A la sortie de la VF, il faut prendre le chemin balisé à gauche. On travers ensuite la forêt de Charvette vers la dernière pointe au Sud du massif des Bauges : la croix du Nivolet. Longue, dure et sans intérêt, ce chemin de croix, pardon, vers la croix. Par contre, les efforts sont largement récompensés par la vue magnifique que l'on a au sommet. A gauche, la vallée de St.Jean d'Arvey, devant nous, toute petite,la ville de Chambery et à droite, le superbe lac du Bourget (le plus grand lac naturel de France) et la ville d'Aix les Bains. Vue inoubliable !

-Sentier aérien du Nivolet :

Du sommet où nous étions et grâce aux jumelles de Benoît, nous avons pu suivre tout son cheminement, une boucle facile mais inintéressante pour nous, hormis le « Pas de l' Echelle » par lequel nous devons de toute façon passer à la descente Ce Pas est une succession de barres de fer fixées entre les deux parois d'une faille, il nous permet de rejoindre le pied de la falaise et le chemin vers Lovettaz.
Après être remontés chez Jules rechercher nos « brolles », nous récupérons la voiture et partons vers la Maurienne. Après 1 heure de recherche, nous trouvons une bicoque ouverte bourrée de vieux meubles. Il y a même deux lits ! Nous nous installons dans ce squat providentiel et nous commençons a préparer un spaghetti quand un cri nous attire à l'extérieur. Derrière la porte, des flammes lèchent les murs ! C'est Jean-Claude qui, avec sa maladresse habituelle, a failli faire « crâmer » toute la baraque en essayant d'allumer le peak-one du club ! Enfin, plus de peur que de mal ! « Tu es vraiment trop c... ! Ne touche plus à ce truc. C'est trop compliqué pour toi ! » hurle Benoît.

Mercredi 29 mai :

Entre les ronflements et les souris qui se promènent, la nuit fût tout sauf reposante ; en tout cas pour moi qui ai eu la malchance de dormir avec Jean-Claude.

Ce matin, c'est donc sans regret que je regarde Jean-Claude et Benoît s'élancer dans la via ferrata du Diable à Aussois, près de Modane (Haute Maurienne). Pour moi, repos; d'autant plus que je connais bien cette via l'ayant déjà faite deux fois. Trois heures après, ils sont de retour et m'apprennent qu'il existe maintenant une cinquième partie, laquelle prolonge la via ferrata de 4 à 500m ce qui en fait maintenant la plus longue de France. La plus fréquentée aussi car le cadre est exceptionnel : le monumental fort Victor-Emmanuel, les gorges du diable avec ses deux passerelles, la cascade du Nant, la redoute Marie-Thérèse, etc.… Elle fait plus de 2 Kms et se partage en plusieurs tronçons aux noms évocateurs : Traversée des Anges - Montée au ciel - Descente aux enfers - Purgatoire et le nouveau tronçon appelé le chemin de la Vierge. A noter qu'autour du fort se trouve deux petites via ferrata pour enfants ce qui est rare. Vers 14h, nous partons pour la région de Valloire dans le but de faire la nouvelle via ferrata du télégraphe qu'aucun d'entre nous ne connaît….. et ne connaît toujours pas aujourd'hui ! Hé oui. Ce n'est qu'en arrivant au sommet du col que nous constatons que cette via commençait au pied de ce même col, à Saint-Martin d'Arc! De plus, sans véhicule- relais, cela aurait été trop long. Tant pis, ce sera pour une autre fois ! Nous continuons donc jusqu'à Valloire où se trouve les via de Poing Ravier (ridicule) et de Saint-Pierre (géniale). Mais, d'abord le logement. Nous repérons dans une zone désertique au pied du col du Galibier, une vielle grange portant le panneau « à vendre ». L'étage, ouvert, est aisément accessible et le plancher est sain et sec : l'idéal !

Nous retournons donc à Valloire et nous entamons la via de Saint-Pierre. Celle-ci était déjà une des plus belles avec du « gaz  à tous les étages » mais de récentes et judicieuses transformations dans le dernier tronçon (nouvelle passerelle et passages différents) en font maintenant un must des VF. Elle est une succession de montées, de descentes et de traversées diverses (passage avec un seul câble sous les pieds, passerelles, etc…) Pas trop dure car les dévers délicats pour les bras se trouvent au début de la 2eme partie (la plus longue), elle requiert néanmoins, vu sa longueur, une bonne condition physique.

Le soir, re-spaghetti et, enfin, une bonne nuit récupératrice.

Jeudi 30 mai :

Réveillé par la fraîcheur matinale (la ligne des neiges éternelles est toute proche) et les cris des marmottes, nous partons tôt vers La Grave où se trouve la via ferrata des Mines du Grand Clos. Une dure ! Petit arrêt photos entre les murs de neige au sommet du Galibier et, après une superbe descente par le col du Lautaret, nous rejoignons le point de départ situé au bord de la Romanche. Problème : nous n'avons qu'un véhicule et, dans ce cas, la marche de retour s'annonce longue. Qu'importe, on verra bien ! Et le stop, ce n'est pas pour les chiens !

La VF : Les mots exacts pour la décrire devraient être culture et sport .

Culture car des panneaux explicatifs sont placés le long de la partie de la VF où se trouvent les mines d'argent et de plomb, c'est-à-dire les 400 premiers mètres. Tout le long de cette via, très longue et assez verticale, on ne peut s'empêcher d'avoir des pensées respectueuses envers les mineurs qui ont travaillé ici. Dès l'époque romaine, ils ont creusés à la main des kilomètres de galeries et de puits dans des conditions invraisemblables. Les vieux ancrages d'anciens téléphériques à minerai, les poutres, les vieux câbles rouillés sont autant de traces de la grande activité qui a du régner ici.

Sport car, outre sa longueur( le câble fait plus de 2 kilomètres ), sa verticalité et son dénivelé de près de 800 mètres, elle est sans ombre et quand le grand jaune frappe, cela devient vite dur dur ! De plus, quand vous posez les pieds sur le plateau, au bord d'un alpage désertique, il vous reste encore une bonne heure de marche avant de rejoindre le village du Chazelet. Et si, là-bas, vous n'avez pas prévu un véhicule (comme ce fût notre cas), il vous restera encore une petite heure de descente avant de rejoindre le point de départ de la via ! Et oui, le stop, ça ne marche pas toujours ! Personnellement (lâchement diront certains), j'ai préféré visiter le village du Chazelet en attendant le retour motorisé de Jean-Claude et Benoît. En effet, inutile de partir à trois rechercher la voiture si un seul peut le faire ! Ma visite ne fût pas inutile car j'ai découvert que ce village est un des derniers à receler des « greniers », petite construction en bois, genre grande niche de chien ou petit abri de jardin. Ces mini greniers sans fenêtre, bas et aux portes massives si bien décorées étaient destinés à l'entreposage des provisions de « secours » pour les années maigres, famines ou autres calamités si courantes des siècles passés.

Sur la route vers la via ferrata de St. Christophe en Oisans que nous comptons faire demain, nous repérons un bel endroit pour camper, juste au bord du Vénéon, le torrent glaciaire qui parcourt la vallée. Montage rapide de ma nouvelle tente puis décrassage dans l'eau glacée pour les deux malades (ils ont frôlés l'hydrocution). Comme nous en avons ras-le-bol des pâtes, nous partons vers un petit resto repéré en venant. Quelle bonne idée! Repas correct et surtout, soirée bien arrosée avec les patrons !

Vendredi 31 mai :

Nuit excellente mais, que ce fût dur de sortir de son sac !

Une heure plus tard, je dépose Benoît et Jean-Claude au pied de la via (au bout d'un camping). Après avoir rejoint l'arrivée près du pont du Diable (canyon à faire), je fais un peu de rangement dans la voiture puis je m'apprête a rattraper mon manque de sommeil en les attendant quand je les vois déjà arriver ! Une demi-heure ! Record battu ! D'accord, elle ne fait que 200 mètres de dénivellation mais quant même ! C'est la passerelle qui les a marqué le plus car elle bouge beaucoup et les planches sont fort écartées. Au-delà de la route, une deuxième via part sur la colline mais ce sera pour une autre fois car il nous reste près de mille bornes à tirer avant de retrouver nos pénates. Après un « bon » repas à Pont-à-Mousson (Merguez Kebab), nous repartons vers Sprimont où nous arriverons vers minuit.

Cartographie :

Au 25.000 eme : 3332 est, 3432 ouest,
Au 50.000 eme : Didier Richard n° 2 (Bornes-Bauges) n° 4 (Chartreuse-Belledonne-Maurienne)

Au 100.000 eme : IGN n° 53 (Grenoble-Alberville-Mont Blanc), n° 54 (Grenoble-Gap)

Au 200.000 eme : Atlas routier Michelin page 117,118,132,133

Bibliographie :

-Les randonnées du vertige de Pierre Millon ( éditions Glénat)

-Les nouvelles randonnées du vertige de Pascal Sombardier ( éditions Glénat )

- 80 VIA FERRATA de Gérard Papandreou (édition Didier Richard)

Logement : ( hormis les « squats » )

La région fourmille d'hôtels de toutes catégories, de gîtes de France, de gîtes d'étape, de refuges, d'auberges de jeunesse et de campings. Livre utile = Gîtes et refuges de A. et S. Mouraret (édition La Cadole)

Philou