A propos de Via Ferrata

Les premières "vie ferrate" ("voie ferrée" ou chemins câblés ) sont apparues dans le massif des Dolomites vers 1914 et ont une origine stratégique. Les militaires italiens avaient, en effet, équipé d'immenses parois de câbles et d'échelles pour faciliter le déplacement de leurs troupes alpines ainsi que du matériel (parfois même des canons !). Devenues militairement inutiles, ces voies italiennes sont maintenant exploitées et entretenues par les communes (et surtout par des bénévoles) à des fins touristiques. Les clubs alpins locaux en ont aussi développées d'autres mais, à ce sujet, je laisse la parole à notre ami Pierre Casters. dans un morceau choisi de son bel article de 1989 intitulé "Excursions dans les Dolomites" :

" … Le deuxième intérêt des Dolomites est l'installation par les clubs alpins d'un matériel qui permet de parcourir en toute sécurité des parois qui ne paraissaient accessibles qu'aux purs alpinistes.

Ces sentiers peuvent être des sentiers de randonnées, simplement panoramiques, accessibles de 7 à 77 ans, sans le moindre matériel, pour les amoureux de la marche et de la montagne. Sur certains sentiers, l'existence de petits ou de grands ravins a fait installer une main courante sécurisante. Parfois une petite échelle, ou un simple échelon, permettra de surmonter un bloc ou une pente un peu raide. Lorsque ces équipements existent avec une certaine densité, il est coutume de parler de voie "équipées" ou "via attrezzata", que nous prononçons plus facilement "via ferrata".

A côté de ces randonnées existe un type de circuit essentiellement caractérisé par des équipements métalliques qui en constitue l'attrait essentiel, sportif, permettant de surmonter des parois infranchissables en apparence ou donnant une assurance confortable pour se risquer sur des vires vertigineuses. Ces voies sont plus ou moins difficiles mais jamais réellement à la limite du possible pour un sportif entraîné et confiant. Un vrai varappeur passerait d'ailleurs rapidement dans ces voies en dédaignant tout cet attirail artificiel….."

En France, ces parcours sportifs et ludiques seraient apparus dans le sud (Hautes-Alpes) vers 1989. Depuis, le phénomène a pris beaucoup d'ampleur et on peut maintenant dire qu'il s'agit non plus seulement d'itinéraires de montagne mais bien d'itinéraires rocheux souvent (hum !) sécurisé par un câble avec, dans les passages raides, des marches métalliques permettant normalement une progression aisée. Mais les parcours, les moyens techniques employés, et surtout le but dans lequel les VF actuelles sont créées font qu'elles n'ont plus beaucoup de points communs avec les premières VF des Dolomites. Par exemple, les câbles des VF actuelles ne servent, en théorie , qu'à vous assurer puisque les prises naturelles de la roche sont là. Ils ne devraient donc servir que rarement à la progression sauf quand l'escalade naturelle devient trop difficile voire impossible or, en pratique, on constate qu'il en va tout autrement et mon récent séjour en Savoie m'a fait relativiser les choses.
D'abord, il faut savoir que presque tout les deux ou trois mois, une nouvelle VF est inaugurée rien qu'en France; d'ailleurs, plusieurs dizaines de personnes se sont regroupées en différentes entreprises (Prisme, R.O.C…) et travaillent professionnellement dans ce nouveau créneau. En effet, de nombreuses communes sont demanderesses vu l'attrait touristique important. Mais, d'énormes différences existent entre les dernières VF et les anciennes (pourtant 3 ou 4 ans seulement). Par exemple, certains parcours ont une débauche invraisemblable de câbles, d'échelons métalliques, de tubulures et de ferraille diverses tel celui de Pontamafrey. D'autres possèdent plusieurs parties différentes, une facile et une plus délicate (falaise de la Balme), d'autres encore sont bêtement une succession d'échelles de bas en haut (Vénosc). Certaines, par contre, atteignent presque la perfection comme celle de La Chal. Ces différences sont dues soit à la volonté des communes, soit aux différents équipeurs ou aux matériaux utilisés. Bien évidemment, je ne parle ici que du point de vue technique sans tenir compte de la situation parfois exceptionnelle de certains sites.

 

En bref, les VF de Savoie et de l'Oisans sont un amalgame de tout ce qui se fait actuellement en bien comme en mal dans l'installation de parcours aériens et c'est d'ailleurs ce qui fait leur charme respectif.

Quant aux degrés de difficultés indiqués au pied des VF ou dans les différentes documentations, ils ne signifient absolument rien. En effet, les degrés indiqués ne précisent jamais s'il s'agit d'un chiffre établit AVEC ou SANS l' utilisation des câbles, il est vrai qu'une grande majorité des "Ferratistes" s'aident sans arrêt des câbles et n'essaient même pas d'utiliser les prises naturelles! Ils seraient sur des buildings que cela ne changerait rien pour eux!

Maintenant, le "MATOS" idéal :

•  Un baudrier avec un delta.
•  Deux longes avec amortisseur de chocs (Zyper de chez Petzl ou Kisa de Kong Bonaiti).
•  Deux mousquetons à grande ouverture!
•  Personnellement, j'ajoute une longe supplémentaire très courte (une dégaine d'escalade serait encore mieux) avec un moustif à grande ouverture ce qui permet de se "vacher" sur un échelon et de se reposer les bras, dans un surplomb par exemple ou lors de la prise de photos.
•  Un casque léger (vivement conseillé car, en cas d'affluence, il pleut des cailloux!)
•  Une petite corde d'environ 5 m. équipée de deux mousquetons normaux à viroles pour s'encorder dans des passages délicats.
•  Un petit sac à dos léger avec: appareil photo, crème solaire, descriptif précis (pour le chemin de retour), frontale, k-way, un huit, un peu de bouffe et surtout à boire!
•  Un opinel sur soi (au cas où!)
•  De bons souliers (ni trop gros ni pantoufles de gym.)

Remarque: A part le risque de chute et les coups de soleil, le danger le plus important est évidement la foudre; en effet, les câbles métalliques étant souvent en continu du début à la fin, ce serait une folie de se lancer dans une VF lorsqu'il y a le moindre risque d'orage (surtout les orages d'été en montagne!)

En situant toutes les VIE FERRATE (pluriel de Via Ferrata) sur une carte, j'ai remarqué que pas moins de 19 d'entre-elles sont situées sur ou aux alentours de la boucle ci-après (voir plan)

 

Donc, en partant par exemple de Grenoble et en suivant cette boucle dans le sens INVERSE des aiguilles d'une montre, il est possible de "faire" successivement les vie ferrate suivantes:

1 VF de S t Christophe en Oisans : deux tronçons successifs, départ du camping. Possibilité de s'essayer à l'hydro-speed au camping même.

•  VF des balcons du Vénéon : plus balade que VF mais peut se faire à la suite de la précédente si bonne forme et départ très matinal du camping du "plan du lac"; arrivée aux Deux-Alpes et pour la descente, voir VF suivante.

•  VF des Perrons (de Vénosc aux Deux-Alpes): descente possible en parapente, en télécabine ou…à pied (+-1h.)

•  VF des Mines du grand Clos (La Grave): super, mais long! Ambiance montagne.

•  VF des Aiguillettes du Lauzet : gros morceau! (+ longue marche d'approche)

•  VF de Freissinières (falaise du Clos du Puits): première VF française, très belle(deux parties).

•  VF de Puy S t Vincent (Plateau de Tournoux): bof!

•  VF des Vigneaux : au milieu, se sépare en deux parties distinctes: la voie des Balmes et la voie du Colombier (plus facile). Payante (20ff).

•  VF des Gorges de la Durance ( Argentière-La Bessée):géniale,4 ponts à passer. Payante (20ff).

•  VF de la Falaise de l' Horloge (L'Argentière-La Bessée): VF pour l'initiation des enfants

•  VF de la Croix de Toulouse (Briançon) :vue superbe sur la ville

•  VF Degli Alpini (Plampinet): longue balade sur une vire aménagée en Italie,3h.d'approche

•  VF du Diable (Aussois-Avrieux): Une des plus belles! Quatre parties successives plus deux pour les enfants. Profitez-en pour visiter le fort Victor Emmanuel!

•  VF de Poingt Ravier : (Valloire): Obligatoire! "Gaz Gaz" à tout les étages!

•  VF de Saint-Pierre : (Valloire): Oubliez-la!

•  VF du Télégraphe (S t Martin d'Arc): Tout neuf! Avec panneaux explicatifs sur l'environnement (flore, faune, fortification)

•  VF de la Croix des Têtes : (S t Julien - Mont-Denis) logement possible dans le refuge du Bonnant

•  VF de Pontamafrey : Le "Beaubourg" des VF (des tubes partout). Deux parties.

•  VF de La Chal : La Rolls des VF! A faire absolument! Mais manque un peu de "vide".

Pour de plus amples informations, je vous conseille la lecture des livres suivants:
-Les randonnées du vertige de Pierre Millon (édition Glénat)
-Les nouvelles randonnées du vertige de Pascal Sombardier(édition Glénat)
-L' excellent article de Gerald Faway paru dans le Regard n°29
-Les magazines Montagnes n°195 et 217
-80 VIA FERRATA de Gérard Papandreou (édition Didier Richard)
-Cartes: IGN 53 et 54 (1/100.000)

Logement:
La région fourmille d'hôtels de toutes catégorie, de gîtes de France, de gîtes d'étape ,de refuges, d'auberges de jeunesse, et de campings

Livre utile: Gîtes et refuges de A. et S. Mouraret (édition La Cadole)

Au mois d'août 98, j'ai donc décidé d'en savoir un peu plus sur ces fameuses Via Ferrata dont tout le monde parle actuellement; je suis partis avec ma fille de 20 ans (Tamara) laquelle, tout en étant assez sportive, n'avait pourtant jamais fait d'escalade de sa vie. Et bien, tout s'est très bien passé et, hormis quelques petits coups de chaleur les après-midi, nous avons réussi à faire 8 VF en cinq jours et nous nous réjouissons tout deux de pouvoir retourner bientôt là-bas pour faire celles qui restent mais, plus au mois d'août (trop chaud et trop de monde).

Philou