Canyon de "La Angostura "

 

Pour ce dernier jour à Ténérife, Xavier et moi avions décidé de faire le canyon de « La Angostura ». Il a la particularité d'être situé sur le versant Nord de l'île, région nettement plus arrosée et bordée de gigantesques falaises abruptes (de 5 à 600m). Il débouche sur une plage et le retour se fait en longeant le littoral et en rejoignant un chemin qui débouche sur une plage à environ 1 km de la fin de ce canyon. Nos camarades avaient préféré faire du tourisme et aller visiter le volcan du Teide. Nous aurions dû en faire autant ! En effet, quelques surprises de taille allaient nous faire regretter notre choix ! Mais en se levant, ce samedi x, nous avions, malgré une certaine fatigue due à une semaine de canyonning, un bon moral. Nous avions bien étudié la topo et tout le matos était prêt dans des kits malgré tout un peu lourd (à 2 !). Pourtant, une phrase bizarre « A faire de mai à septembre » aurait dû retenir notre attention. Nous pensions qu'elle concernait le débit et, de toutes façons, nous étions assez grands pour juger sur place ! C'est seulement vers 11 h que nous sommes arrivés au début du canyon après un cheminement (sans chemin) épique dans des ronces….qui piquent ! Et, surprise, presque pas d'eau! En effet, hormis quelques vasques puantes et grouillantes de « mini-monstres marins », le canyon est sec et le restera jusqu'au bout (évidemment !). Superbe canyon, mais trop « seccos » à notre goût. A deux, nous avons « torché » ce canyon en 3 ou 4 heures seulement et c'est tout ébloui par la beauté du paysage que nous sommes arrivés sur une magnifique plage de sable noir. Après un rapide en-cas, nous avons pris le chemin du retour en pensant que le plus dur était fait ….Erreur !

 

Mais, voyons plutôt la suite:

100 mètres plus loin, un premier obstacle de taille barre la plage. Il s'agit d'une paroi verticale sur laquelle s'écrasent d'énormes vagues empêchant toutes tentatives de passage dans une mer aussi forte. La topo précisait pourtant « passage possible à marée basse » et nous avons même synchronisé notre horaire en retardant notre départ pour arriver au bon endroit au bon moment ! Heureusement, nous apercevons quelques plaquettes 5 m au-dessus de l'eau et c'est en escalade sur des rochers hyper-glissants que nous avons entamé cette petite traversée. Après une vingtaine de mètres, plus d'amarrage, seulement des sangles pourries qui cèdent à la première traction ! Ouf, nous en avons quelques unes!

Ce premier problème résolu et la plage suivante passée, c'est sur des récifs que nous continuons, non sans se faire arroser copieusement par une mer furieuse. Un peu plus loin, re-belote, mais cette fois la paroi est beaucoup plus grande, super-lisse, pas un amarrage en vue et impossibilité totale de faire demi-tour ! Coincés comme des rats sauf si…

C'est à la frontale sous la clarté de la lune que nous avons fini la difficile escalade des 560 m de la falaise (altimètre de Xavier), et quelle escalade! Des pierres qui vous restent en main (avec de gros scorpions noirs en-dessous), des passages exposés sur des roches branlantes, des ronces et des cactus qui s'accrochent à la verticale et toujours aux pires endroits, parfois des murs difficiles avec 400 m de falaise sous nos pieds, le tout sans eau, sans nourriture et, le pire, en short ( !) Avec, en plus, une petite angoisse permanente de se voir bloquer définitivement par une trop grosse difficulté. D'ailleurs, soyons franc, plusieurs fois, nous sommes passés tout juste !

 

C'est à la fin, en voyant la pleine lune que nous avons enfin compris le pourquoi du niveau de la marée et de la force des vagues. Ajoutez à cela que les marées sont plus hautes l'hiver et la phrase du topo-guide s'explique un peu mieux ! Mais, vous en connaissez beaucoup, vous, des spéléos-marins ??

Oui, les amis, l'avion du retour a bien failli partir sans nous !

Mais, malgré tout………..Quel beau souvenir ! »

 

Philippe